Avant-propos

  

Sur l'évangélisation du monde de la santé 

 

Message du Pape à l'occasion de la Journée mondiale du Malade, qui était célébrée le 11 février 2001 à Sydney, en Australie : ( extraits)

 

« Ayant partagé moi aussi à plusieurs reprises, au cours de ces années, l'expérience de la maladie, j'ai compris toujours plus clairement sa valeur pour mon ministère pétrinien et pour la vie même de l'Eglise.

En exprimant ma solidarité affectueuse à ceux qui souffrent, je les invite à contempler avec foi les mystères du Christ, crucifié et ressuscité, pour arriver à découvrir dans leur vie douloureuse le dessein bienveillant de Dieu. Ce n'est qu'en regardant Jésus, « homme de douleur, familier de la souffrance » ( Is. 53,3), qu'il est possible de trouver la sérénité et la confiance.

Chaque jour, je me rends en esprit en pèlerinage dans les hôpitaux et les maisons de santé, où vivent des personnes de tout âge et de tous les milieux. Je voudrais en particulier m'arrêter aux côtés des malades, des parents et du personnel médical. Il s'agit de lieux qui constituent des sortes de sanctuaires, dans lesquels les personnes handicapées participent au mystère pascal du Christ.

Même le plus distrait est amené en ce lieu à se poser des questions sur son existence et sur sa signification, sur la cause de son mal, de la souffrance et de la mort (cf . Gaudium et spes, nr.10).

Voilà pourquoi il est important que ne manque jamais dans de telles structures une présence qualifiée et significative des croyants.

Les hôpitaux, les centres pour malades ou pour personnes âgées, et chaque maison où sont accueillies les personnes qui souffrent, constituent des milieux privilégiés de la nouvelle évangélisation, qui doit s'engager afin que résonne précisément en ces lieux le message de l'Evangile, porteur d'espérance.

Seul, Jésus, le divin Samaritain, est pour chaque être humain à la recherche de la paix et du salut, la réponse pleinement satisfaisante aux attentes les plus profondes.

Le Christ est le sauveur de tout homme et de tout l'homme.

C'est pourquoi l'Eglise ne le lasse jamais de L'annoncer, afin que le monde de la maladie et la recherche de la santé soient vivifiés par sa lumière.

Il est donc important qu'au début du troisième millénaire chrétien, l'on apporte un élan renouvelé à l'évangélisation du monde de la santé comme lieu particulièrement indiqué pour devenir un laboratoire précieux de la civilisation de l'amour ». ( Jean-Paul II)


Introduction

 

Voici un titre de livre ceint de la radiographie de la douleur, de la souffrance mais aussi de l'espérance et de l'amour.

De Philon d'Alexandrie à nos jours, la maladie et le soin constituent une matrice de dynamique amoureuse. Le cœur de l'homme y puise réflexion et charité dans l'attention à l'autre et la contemplation de la présence de Dieu.

Ce livre présente d ans une vision chrétienne, l'origine, le sens et l'espérance pour toute forme d'atteinte et de soin.

La partie sacrée du cœur de l'homme s'avère comme l'unique liant qui puisse permettre l'élaboration d'une relation identitaire dans le soin.

Quand un fœtus vibre sous l'impact émotionnel de sa mère, quand un nourrisson sourit au visage de sa mère, quand l'homme et la femme se reconnaissent pour se consacrer à l'amour, on ne peut douter qu'entre les êtres, circule une relation amoureuse inconsciente et alimentée par une mémoire sacrée.

Quand l'homme se sent bien, quand il se sent en équilibre psychique et physique, on peut dire que son cœur bat à l'unisson dans toutes les harmoniques relationnelles. Mais quand il tombe malade, quand il se trouble, l'homme en arrive à ne plus reconnaître justement ce qui l'entoure. La peur et la détresse vont entraîner chez lui des modifications du discours et du geste. C'est comme si tout s'arrêtait, comme si le monde en une fois n'était plus reconnaissable. L'homme dit que ses jambes, ses bras, sa respiration sont coupés.

Et pourtant ! Ne subsisterait-il que le tronc, l'individu y constaterait la subsistance du cœur.

Car s'il oubliait le cœur, l'homme subirait un décentrage de tout son être par rapport à l'essentiel. Troublé, il ne pourrait qu'assister à l'installation de fractures dans son unité psycho corporelle.

Perdant ses repères, il risquerait de se perdre dans une nuit indéfinissable.

Heureusement que dans ce scénario dangereux pour son équilibre, veille une lueur d'espoir, une petite flamme qui même si elle paraît vacillante aide à la reconnaissance d'un lieu, d'un chemin ou la lecture d'une situation. Cette petite flamme entretient un sentiment de force jusque là occulté. C'est comme une énergie qui peut envahir la personne et lui donner l'envie de se battre et cette force, cette énergie ressemble à une petite voie intérieure qui crie du fond du cœur et de l'âme. Ce chant va permettre au souffrant de positiver, de ne plus broyer du noir.

A quoi pourrait se rattacher cette force soudaine qui ramène la personne vers autrui, vers les autres, vers le monde qui l'entoure quelle que soit l'épreuve ? D'où vient cette énergie qui rend capable de mobiliser l'espérance jusqu'à la notion de survie de l'individu ?

Ne serait-ce pas tout simplement la lumière de l'éclairage divin déposé en l'humain ? Ne serait-ce pas cette force endormie qui appartient à l'élément sacré de nos origines ?

 

Pourquoi commencer une démarche de guérison ?

 

Il y a tant de formes de démarches, tant d'aspects à la maladie et à la souffrance.

Nous pourrions commencer par dire que l'individu entame une démarche de soin parce qu'il voit le monde autour de lui plein de plaies comme le corps d'un lépreux, qu'il prend conscience que suite à sa naissance il se trouve écorché par la loi du passage, celle du tunnel vers la vie.

Ces prises de conscience vont faire que la personne va désirer comprendre qu'il y a quelque chose à régler dans sa vie comme si une dynamique secrète lui faisait entrevoir l'importance de se recentrer dans une mémoire unifiée.

Ces réflexions s'élaborent sur des écheveaux divers, dans les trames de l'histoire du monde, celle de la famille, celle plus personnelle, comme si un canevas général rappelait à l'homme sa position de victime depuis une histoire lointaine antérieure à sa naissance.

Car si les aggloméras de gènes constituent un ensemble « » reflet du moment de la conception, ce ne sera que dans le décours de son histoire que l'homme tentera de les porter, de les accepter et surtout de les offrir.

Bien sûr il serait idéal d'imaginer qu'à la naissance tous les compteurs soient mis à « o » ce qui exclurait toute mémoire douloureuse et traumatique. Mais cette illusion étant celle d'Adam et Eve, nous ne pouvons pas échapper à la démarche de guérison liée au péché originel.

Adam et Eve constituant une famille idéale lointaine, la réalité du monde nous amène à considérer combien nos blessures d'aujourd'hui peuvent servir d'amalgame de soudure entre passé et guérison.

Il convient que l'individu se fasse aider dans ces démarches soit par le biais d'une rencontre, soit d'un conjoint, d'une aide, d'un soignant, car seul il ne pourrait que difficilement retrouver le fil d'or et en défaire les nœuds qui étouffent.

Nous appellerons cette chimie d'interpénétration : le lieu de l'amour guérissant.

Pour progresser, chacun peut se faire aider par un modèle et choisir plusieurs formes d'institutions qui peuvent être des modèles sociaux, familiaux, professionnels, hospitaliers, communautaires.

 

Proposer un modèle familial institutionnel

 

Si la Sainte Famille nous adopte depuis Nazareth en créant un lien du Ciel vers la terre, elle peut également inspirer d'autres familles pour établir des relais en sens inverse de la terre vers le Ciel afin de  faire émerger un sommet de sainteté, pour travailler et soulever des chaînes de générations.

L'institution familiale est représentée par trois modèles : celui du Ciel par la Sainte Famille de Nazareth, celui de la terre à travers nos propres familles et le

relais guérissant illustré par Monsieur et Martin parents de sainte Thérèse de Lisieux.

Louis et Zélie Martin, par leurs épousailles, se propulsèrent dans une communion spirituelle et fraternelle. Et aujourd'hui, à l'exemple de leur chemin terrestre, ils permettent d'envisager des schémas pédagogiques pour l'écoute, l'accompagnement et le développement harmonieux de la personne.

Car nous sommes convaincus que l'unité psycho –corporelle de chaque personne doit être encouragée et entretenue pour un lien spirituel spécifique.

En se mariant à minuit, Louis et Zélie Martin ont fait correspondre l'heure symbolique de Noël avec leur début de mission d'incarnation.

Par leur union, ils ont déclaré leurs désirs de consacrer chacun de leurs futurs neuf enfants dans la mémoire de leur alliance avec le Père.

D'ailleurs, saint Joseph et la Vierge Marie en tant que référents du Ciel ne les ont-ils pas visités et guéris en leur temps ?

Ainsi, porteurs de cette mémoire de la rencontre sacrée avec la maladie, la famille Martin se positionne idéalement pour illustrer l'institution guérissante que nous vous proposons et que nous appelons : l'Hôpital du Cœur.

Louis Martin ayant porté la souffrance psychique par sa démence vasculaire n'est-il pas le lien choisi pour éclairer la sphère des maladies de l'âme ?

Zélie martin ayant porté en son sein cancéreux la maladie de la vie n'est-elle pas le lien choisi pour éclairer la sphère de la maladie physique ?

Alors que notre monde anorexigène ne reconnaît plus la construction de l'amour autour de la table familiale, Monsieur et Madame Martin peuvent être des modèles dans nos sociétés de désincarnation.

A l'image de saint Joseph et de Notre Dame, de Anne et de Joachim, les époux Martin nous apparaissent comme des missionnaires de l'amour fraternel universel.

Nous pouvons les suivre et les imiter car là où il y a la souffrance n'y a-t-il pas un cœur qui saigne, n'y a-t-il pas une forme de martyr ? A l'image de la Sainte Vierge qui gardait tout dans son cœur, n'y a-t-il pas un mystère de la souffrance du cœur et du corps ? Combien de personnes n'appartiennent-elles pas à la sainteté de par leur acte gratuit, leur présence silencieuse, leur vie solitaire, leur vie offerte ?

Oui, nous pensons que tout ce qui est caché aujourd'hui sera révélé un jour.

Dans un monde d'images, matérialiste, il est important et urgent de toucher, de rencontre l'autre, d'établir avec lui une communication de vie et l'acte créateur au-delà de nos gestes.

Il faut que nous devenions des porteurs de charité dans l'acte gratuit d'aide afin de faire mémoire comme le Christ de l'amour guérissant :  « Jésus étendit les mains, le toucha » ( Mc. 1-41).

Chers lecteurs, que nos actes d'amour même s'ils demeurent secrets, appartiennent à la prière du cœur et construisent une civilisation de l'amour par un Hôpital Universel du Cœur pour toute souffrance et toute maladie.

 

Réflexions générales

 

Des philosophes, des écrivains, des peintres, des chanteurs, des photographes, ont voulu parler de la rencontre de l'homme avec Dieu et de sa portée symbolique dans toutes les formes de relations humaines.

La main qui touche traverse ainsi tous les âges du monde et de l'homme et au delà des formes qu'elle évoque. Quand elle est messagère, nous en retiendrons sa représentation dans la fresque de Michel Ange, moment exceptionnel où le Créateur semble transmettre à sa créature l'essence même du mystère de la vie et son secret.

Les hommes, dans leur soif de connaissances, ont  développé les sciences physiques et mathématiques pour expliquer le principe créateur de la matière. Le vivant est ainsi appelé par certains « énergie », pour d'autres « énergie – lumière », enfin pour d'autres encore « le principe de la mémoire guérissant ».

La main est faite pour conduire, accepter, prendre, soigner, bénir toute personne quelle que soit sa douleur, quelle que soit sa souffrance. Dans l'exemple de l'aveugle et du paralytique, ( voir dessin) on peut se demander qui porte qui, qui conduit qui. Et le sens commun à comprendre, réside dans le lieu du cœur.

Un raccourci nous ferait dire que tout corps douloureux, tout être souffrant doit habiter le cœur et le cœur de la main !

L'aveugle est dénommé comme celui qui ne peut trouver la lumière, ni à l'intérieur de lui-même, ni à l'extérieur de lui-même. Pour cela, il se voit appelé le « philosophe ».

Le paralytique de son côté, est dénommé comme celui qui n'a ni la possibilité de marcher, ni celle de trouver son chemin. Pour cela, il est appelé le « plaintif ».

L'aveugle ou le philosophe, est celui qui va s'enfermer en lui-même, comme une spirale tournée sur elle-même. Il est tellement dans son monde intérieur qu'il ne peut pas voir les autres. Nous irions jusqu'à dire qu'il n'a pas conscience des autres. Et si on s'adresse à lui et qu'on lui pose la question: « Que veux-tu que je fasse pour toi ? », on ne voit qu'une seule chose, celle de faire exprimer un seul constat : Faire dire à l'aveugle qu'il est aveugle ! Mais cette reconnaissance de son état, permet à l'aveugle de nommer sa maladie. Ainsi, nommer son état est la première action nécessaire pour commencer un chemin de guérison, sortir du « tourner en rond » et être mis en présence de la lumière

Le paralytique ou le plaintif va accaparer l'énergie des autres. Ne sachant pas aller vers les autres, il va les interpeller sans cesse sur son état et ce qui reliera les deux personnages, les deux états, ce sera la main, lieu de l'éveil et lieu de l'action dans le sens du toucher.

Pour l'aveugle, le toucher sera ce qui va l'éveiller à soi et aux autres, ce qui lui permettra de conduire et de porter le paralytique vers les autres. Il donnera au paralytique, la dynamique du mouvement.

Pour le paralytique, le toucher vu dans un contexte ontologique, sera l'acte qui le soulagera de ses maux. Soulagé, il désirera aller vers les autres. Il donnera à l'aveugle, la conscience des autres.

L'aveugle et le paralytique constituent ainsi, dans leur dualité, un ensemble psycho corporel.

 

 

Prendre soin de l'être est ainsi totalement défini dans cette représentation unifiée de la dynamique ( enveloppe) et de la conscience ( âme).

La main, par son action de « toucher » s'adresse à ce concept psycho corporel de la personne et cette attention  constituera le fonctionnement intégral de notre geste créateur :

·        voir pour / et croire

·        entendre pour / et comprendre

·        sentir pour / et reconnaître

·        parler pour / et être voix identité

·        toucher   - pour agir dans  l'esprit et le cœur

                                         - pour sentir dans la communication

 

Car si l'amour rend la conscience dynamique, il rend la dynamique consciente.

Ainsi, soigner est un exercice sans cesse recommencé dans son attention à ce qui est et ce qui fait l'autre, à travers ses paroles, ses attitudes, son comportement.

C'est aussi le respect de l'autre dans son espace-temps c'est-à-dire le laisser libre. (Il est si important de laisser la personne libre pour qu'elle se permette des temps de repos, de silence, des temps de guérison).

Car la personne souffrante est un être diminué dans son lieu psycho corporel et dans le spirituel qui lui est associé. A tout instant nous devons la considérer non pas comme « patient » mais bien comme « hôte » chez qui nous pourrons respecter son humanité et l'invisible qui l'habite.

Toute la personne peut nous éduquer et cette éducation peut nous permettre de reconsidérer nos propres actions sur des plans de pédagogie et d'humilité.

 

 

Panorama de l'individu

 

Dès la naissance, l'individu se présente comme un puzzle de pièces multiples

( génome, histoire médicale, histoire somatique familiale, milieu social).

En quittant le ventre maternel, l'enfant rencontre une ensemble de réalités parfois difficiles à assimiler ( bruits, lumières, variation de température, contacts,…) et ces éléments de réalités animent une série de séquences déjà programmées ou d'adaptation nouvelle individuelle. On appelle cette activation de la découverte : le besoin ( besoin de pleurer, de boire, d'uriner,…) avec son corollaire : le plaisir.

Le besoin exprimé appelle toujours une réponse du monde environnant

 ( parents) et se perfectionne en sous attitudes ( attitudes secondaires) comme le plaisir et le jeu. Si on répond à l'attente de l'enfant, il se fait une satisfaction immédiate qui comble le désir et définit le plaisir de recevoir. Mais par contre si aucune réponse ne vient dans l'attente, un élément nouveau apparaît : la frustration, c'est-à-dire la traduction d'une privation, d'une chose à laquelle on croit avoir droit.

Le conflit verra le jour dans le besoin non satisfait. Quand le milieu extérieur et environnant dans lequel existe l'individu ne remplit pas les attentes, des forces de compétition peuvent apparaître: contradictions entre des exigences incompatibles les unes liées aux tendances de la personne et les autres provenant du milieu extérieur. L'individu est ainsi appelé à réagir à des forces contradictoires ( compétition ). Il réagira à la frustration par un comportement significatif qui va donner un sens à la relation nouvelle entamée. ( L'individu réagira par exemple à la frustration en rapport à une structure de personnalité qui lui est propre : fuite, isolement, évitement, régression, bouderie, agressivité, jalousie, colère,…)

Des constructions psychomotrices peuvent également se faire tant sur les plans verbaux que non verbaux. car tout comportement, toute attitude, toute forme de relation face à tout événement a un sens ! Et ce trouble de la fonction significative du comportement ou de la relation entre la personne et le milieu extérieur s'installera et se développera pour conduire au « tomber malade ».

Toute émotion n'est-elle pas biologiquement traumatisante ?

Il faut savoir que le stress est avant tout un événement subjectal personnel non mesurable directement et qui a gagné ses lettres de noblesse dans le monde moderne. Il a des aspects intrinsèques liés aux sources et extrinsèques liés aux tâches, et ses indicateurs sont psychologiques, somatiques, comportementaux et physiologiques.

A son origine, il y a une peur normale progressivement graduée vers une  peur pathologique.

En effet, les stimulations du monde extérieur agissant d'une façon ininterrompue sur des systèmes du cerveau, les interactions de ces systèmes amènent à la périphérie la manifestation de troubles représentatifs comme :

o       Le stress

o       La crise de panique

o       L'anxiété

o       L'angoisse

En psychologie, il existe un postulat important : savoir pourquoi on souffre n'est

déjà plus souffrir.

Médicalement parlant, l'angoisse est un signal d'alarme qui détecte une

agression consciente ou, dans la plupart des cas, inconsciente. L'angoisse en

effet est le signal d'une remontée à la surface d'éléments difficiles à vivre, de

conflits, de choses, non ou mal résolues. Ces éléments se marquent par des

réactions psychiques et physiques, des conflits internes sous un mode existentiel, sur

un mode plus névrotique, sur un plan plus psychosomatique.

D'une façon générale, on parlera d'une angoisse de la nuit, celle de la solitude,

celle du désert.

Le tomber malade peut être lié à de l'extrême sensibilité mais il peut comporter

aussi du positif pour la personne. ( Dans la dépression par exemple, on

observera comment le patient peut la vivre et quelle signification la maladie a

dans sa vie).

Il faut en effet savoir que l'angoisse et la durée des épreuves ne se calculent pas

en échelle de temps. La notion de durée dans le questionnement « quand cela

finira-t-il » possède en effet une qualité : la dynamique du questionnement.

Si « le bout du rouleau », « être à bout », sont des formes d'expression du

désespoir, il faut également y voir des « signaux d'évènements » envoyés par

une personne à l'attention d'une autre.

Aujourd'hui, le « je ne sais plus où j'en suis » illustre le plan de la souffrance de

l'homme dans un monde sans repères et il apparaît comme un nouveau

concept de l'illustration du mal être.

 

Tomber malade

 

Nous situons le « tomber malade » à un niveau appelé  l'invasion du Moi. Pour expliquer le fonctionnement de cette invasion, nous considérons un cadre fermé dans lequel se situe le Moi :

 Moi

Un événement extérieur viendra percuter ce cadre et il influencera le bon fonctionnement du Moi viendra percuter ce cadre. (Une émotion, un deuil, une maladie, un échec, une rupture, peut déstabiliser un ensemble premier. Une peur peut devenir un stress et elle peut activer un processus déstabilisateur).

L'impact sur le cadre est comme l'exemple d'une mèche de forage qui entame un point du cadre.

a) Si l'individu est encore résistant de par la présence d'un mécanisme de défense efficace, on assiste à la mise en place d'une sorte de « ciment réflexe » qui vient colmater l'amorce de la brèche dans le cadre :           

                      ↓

    ↑             Moi

b) Si l'individu est infériorisé, fragilisé, par des évènements répétitifs pénibles, voir insurmontables, on assiste à la perforation du cadre. Le Moi est alors envahi par l'anxiété ou l'angoisse. Le mécanisme de défense de la personne devenant déficitaire, celle-ci peut « tomber malade. »                  

U

( Rappelons que les mécanismes de défense du Moi sont toutes les techniques dont le Moi se sert pour se protéger des exigences pulsionnelles).

Si le cadre se retrouve percé, c'est comme si un cercle se brisait. Devant cette cassure, deux types de fonctionnements mentaux peuvent se faire et introduire la personne dans deux lieux de maladies possibles:

·        La  dynamique concentrique du cadre ou du cercle et sa tendance à la fermeture

·        La  dynamique  excentrique du cadre ou du cercle et sa tendance du cercle à s'épandre.

On peut prendre l'image d'une spirale qui au départ d'un cercle brisé s'emballe en mouvements concentrique ou excentrique.

Il est donc fondamental de garder à l'esprit la notion du risque enflammé par la notion actuelle de notre monde : le « trouble ».

Présentons ici une définition de ce sentiment si menaçant pour l'homme :

 

 

 Trouble : n.m. : Etat contraire à celui de la paix, de la   tranquillité ;  

                 désordre, confusion, agitation désordonnée/ inquiétude,  

                 agitation de l'esprit ou du cœur.

 

 Trouble : adj. : Qui est brouillé, qui n'est pas clair.

 

 

Le sens des mots doit toujours nous conduire à un temps de réflexion car la portée symbolique d'un mot est propre à l'histoire de chaque individu. Il est des mots dont la racine est universelle comme c'est le cas pour la racine du mot « angst » qui se retrouve dans plusieurs langues.

Si le mot « mal » couvre une situation difficile à décrire, quelque chose qui est encore vague, le mot «  souffrance » couvre à la fois une symbolique de la durée, de la patience et de l'état difficile à décrire.

Parfois c'est la personne qui nous indique sur un mode topographique, une zone du corps, l'illustration d'un mot qu'elle vient d'employer. Si l'individu se retrouve dans un flou psychologique, il perd ses repères. Il va se trouver dans une situation de personnage voilé pour qui le monde qui l'entoure devient un univers trouble.

Toute l'histoire spirituelle du monde ne nous parle-t-elle pas du sens caché, du voile des choses, du voile qui cache pour mieux révéler.

Se cacher la face, se voiler, s'avère bien comme une expression employée par l'homme pour tenter d'échapper à la vérité, à la réalité. Le brouillard, la brume, la nuée ne sont-ils pas des états qui résultent de la rencontre du feu avec l'eau ! Livrés au feu et à l'eau, nous le sommes quotidiennement étant des êtres soumis à des sentiments, à des passions, à des désirs, à des pulsions de vie et de mort, d'amour et de haine, de chaud et de froid, de vide et de plein, de blanc et de noir.

La nuée enveloppe donc nos expériences quand celles-ci deviennent difficiles à contrôler.

Pour illustrer certains états, nous retrouvons des phrases comme : « Tout est gris dans ma vie, c'est la grisaille, c'est le crépuscule de ma vie, c'est comme un abîme opaque,… »

Ainsi, dès que l'individu quitte ses repères, il « se trouve dans le brouillard ». Il lui faut donc des balises.

Le trouble consécutif à la situation d'opacité ou de nuée pouvant amener une confusion dans les rapports de l'individu avec les autres, des expressions du discours et leurs contradictions sémantiques viennent nous interpeller :

§        Tiens, tu as encore changé de parfum, je ne te reconnais pas !

§        Tiens je ne reconnais pas ta voix aujourd'hui !

§        Je ne vois pas ce que tu veux dire !

§        Ce n'est pas clair pour moi !

§        Je ne vois pas où tu veux m'emmener, me conduire !

§        Je ne sens pas ce que tu dis !

§        Je ne te sens pas comme d'habitude !

§        Je ne te reconnais pas !

§        Cela sent le roussi !

§        J'en ai plein les yeux, plein les oreilles !

§        Cela me sort de partout !

§        Cela sort de mon entendement !...

 

 

Le trouble perçu en soi-même ou perçu chez l'autre passe par une atteinte des cinq sens !

 

Le concept de lien indissociable corps – esprit doit donc être élargi !

L'être humain étant avant tout un être d'essence et des sens, c'est-à-dire spirituel fait de chair et d'esprit, le mot âme peut être introduit dans la définition de cet ensemble corps – esprit possédant ainsi ses états d'âme !

Lors de la création du monde, la Bible donne en effet dans les deux premières pages de la Genèse, les actions de Dieu liées aux fonctionnement des cinq sens :

 

Définition : SENS : 3 niveaux sont proposés à la définition 

A - Facultés par lesquelles l'homme et les animaux perçoivent l'impression des  

      objets extérieurs et corporels ( organes par lesquels se fait cette  

      communication). Faculté de juger et de raisonner

      Ensemble des notions communes à tous les hommes

      Conscience, notion de bien et de mal

B -  Signification d'un mot, d'un discours.

C -  Un des côtés d'une chose, d'un corps.

 

 

A la conception, nos parents nous donnent et nous attribuent une architecture visible, c'est-à-dire celle des cinq sens. Ceci est particulièrement vrai pour le plan du visage. Le visage en effet est en soi toute une expression de vie et toute une symbolique liée au discours et cela nous rapproche à nouveau du concept spirituel : «  Dieu les fit à Son image » ( Genèse)

D'ailleurs, dans certains états, la mimique du visage est ce qui révèle le mieux

l'état thymique de certaines personnes. La souffrance d'une personne apparaît donc dans tout ce qui est lié à la sphère d'expression et de traduction du vécu.

Le trouble psychique peut ainsi être directement lié à la souffrance des cinq sens dans la non reconnaissance momentanée ou durable du code d'adaptabilité de soi avec l'existence.

 

Souffrance des cinq sens

 

Fonctionnement                      Disfonctionnement

Reconnaissance                       Ignorance

Expression                               Inhibition

Traduction                               Refus

Ouverture                                Fermeture

 

Communication                       Repli sur soi

( amour, pardon)                     ( haine, égoïsme)

 

Visible                                     Absence

( je vois, je comprends)          ( cela n'a aucun sens) 

Lumière                                   Nuit 

( avec les autres)                     ( solitude)

 

Tout est clair pour moi            Tout est vide

(communication et relations) ( rupture et abandon)

 

Accès à la guérison                  Renforcement

(abandon, confiance, foi,       ( résistance, jugement, espérance)                               isolement, rationalisation)

 

 

Comment les cinq sens sont-ils alimentés ?

 

Dès notre naissance nous croyons que tout est encodé d'une façon définitive. Quelle erreur car c'est perdre de vue que des problèmes électriques peuvent survenir à tout moment comme pour le plus performant des ordinateurs. Tout peut arriver dans l'alimentation, la conduction, la résistance ! Comme cela fonctionne pour un ordinateur, nous devons à chaque situation conflictuelle « rebouter » notre système mémoire, scanner, pour y découvrir le moi corporel en action ou à l'arrêt et ses liens avec le Moi psychologique.

Nos sens doivent être reprogrammés constamment, dans l'amour, dans le silence, dans l'action positive.

Si dès l'enfance il nous est permis de vivre les situations existentielles par une traduction optimale issue des cinq sens, nous pouvons espérer le stockage de ces résultats dans une mémoire effective.

Nous pensons que la première mémoire affective est liée au visage de la mère que regarde l'enfant. Dans la littérature on parle de la position dépressive du petit enfant quand justement ce dernier lit dans le regard de la mère, tristesse, abattement. Les yeux constituent donc la première porte d'accès faite à la mémoire. Les yeux ne sont-ils pas le reflet de l'âme comme disent les poètes ! Ainsi on peut comprendre que le petit enfant, l'individu, cherchent dans le regard de l'autre, la part de vie ou de mort qui s'y trouve.

Si l'homme a tendance à dissimuler son regard aux regards des autres, à cacher son visage pour soustraire ses émotions au jugement de l'autre dans la timidité, le mensonge, il peut également accentuer les traits de son visage pour marquer certains mal – être comme dans la colère ou la décompensation.

Si le regard est toujours vecteur, indicateur, baromètre du trouble psychique la rougeur, la moiteur, le tremblement, les modifications de la voix, les odeurs, sont plus tôt les paramètres d'expressions secondaires.

Ainsi on ne peut « isoler » un sens quand on s'adresse à la personne dans son intériorité comme on ne peut aborder une personne dans son ensemble sans considérer la totalité d'action de ses cinq sens.

Si nous considérons qu'un fil d'or, un conducteur électrique, relie en chacun de nous le moi corporel et le Moi psychologique et qu'il relie perception et conscience.

Alors c'est que nous sommes alimentés par une source , une essence, une conductance. Cette « énergie », constitue un courant au sens le plus large du terme qui conduit l'individu vers un but.

Une sentence soufie présente le concept de l'essence individuelle d'un manière évocatrice. Cette sentence dit :

«  Celui qui se connaît soi-même connaît son Seigneur ». L'identité entre soi-même et le Seigneur ne correspond pas à un 1=1, mais à un 1x1. Identité d'une essence qui a été portée à sa totalité en étant multipliée par elle-même, et mise ainsi en situation de constituer une bi - unité, un tout dialogique dont les membres se partagent alternativement les rôles de la première et de la seconde personne. Ou encore l'état décrit par nos mystiques : lorsqu'au paroxysme l'amant est devenu la substance même de l'amour, il est alors l'amant et l'aimé ».

  

Faire mémoire 

 

« L'univers ressemble à un corps dont la tête est dans le ciel et les pieds sur la terre. De même que le corps humain vit par l'âme, pour ce corps le ciel est tête et les astres sens. L'œil, l'oreille, la langue, vivent, voient, entendent, parlent, sentent, grâce à l'âme. La vision, la clarté, la vie, les facultés de perception : tout provient de l'âme ». Qor'ân,XXIV, 35 .

 

Tout d'abord, qu'est-ce que la mémoire ?

 

Définition :

-         Fonction grâce à laquelle s'opèrent dans l'esprit la conservation et le retour d'une connaissance antérieurement acquise.

-         Souvenir

-         Annuler par voie de révision, un jugement qui a condamné.

 

Les sens nous ouvrent le chemin pour la découverte du monde et des autres. Grâce à eux une vie peut « (re) trouver son sens » et des projets peuvent se réaliser quand ils sont « bien sentis ». Les sens constituent donc un terreau émotionnel unique.

Si nous faisons référence au texte de la Genèse à la création du monde, nous lisons un schéma divin qui lie les cinq sens de Dieu aux cinq sens de l'homme. La lumière y est prépondérante et joue pour l'homme, dans son histoire personnelle, un rôle de premier plan. Elle est la première mémoire donnée par le Créateur car elle est essence même de Dieu.

Voici le texte de la Bible :

1-Genèse :         1, 2b : L'Esprit de Dieu planait sur les eaux

2 -                      1,3 : Dieu dit : « Que la lumière soit ! »

3 -                      1,4 : Dieu vit que la lumière était bonne

4 -                      1,5 : Dieu appela la lumière jour et les ténèbres nuit

5 -                      1,6 : Dieu dit :  « Qu'il y ait un firmament au –milieu des eaux   

                                  et qu'il sépare les eaux d'avec les eaux »

6 -                      1,8 : Dieu appela le firmament «  ciel ». Il y eut un soir et il y  

                                 eut un matin

                          1, 27b : Homme et femme Il les créa

7 -                      1, 28 : Dieu les bénit

 

Les sept points de la Genèse dans l'acte de la Création représentent donc bien  

l'organisation des cinq sens :

1 - L'essence même de Dieu : action, mouvement : l'esprit agit pour la plan de     

     la  lumière ( fécondation)

2 - Dieu dit : la parole qui éclaire ( la lumière)

3 - Dieu vit : ce qui est bon ( le bon choix)

4 - Dieu sentit : reconnaître les différences ( la dynamique du choix)

5 - Dieu fit : conformité à l'acte de création

6 -Dieu nomma : le mot donné devient la parole qui guérit

   ( identité)

7 - Dieu bénit : prolongement de ce qui est en nous ( l'essence de vie) vers les   

   autres ( l'amour, la communication).

 

Tout ce concept de faire mémoire demeure un libre choix pour chaque personne. Celle-ci doit se sentir libre de choisir, tout comme celui de créer, d'oser la vie, d'oser une rencontre. Et dans l'éventualité où elle accepterait de « faire mémoire », nous serions face à cinq conditions d'accompagnement :

·        Retrouver les voix du passé ( voix du sang, images parentales)

·        Retrouver les sons ( bruits de la maison, entourage sonore)

·        Retrouver les odeurs ( linge, lieu, terre)

·        Retrouver les formes ( corps parental)

·        Retrouver les paroles ( sons qui sont les mots que nous aimons).

Pour chacun, prendre la décision de faire mémoire c'est donc se décider un jour pour un certain voyage. C'est peut-être retrouver le miroir reflet de notre image la plus intime.

Aussi, accompagner quelqu'un dans un processus de guérison demande au « soignant », beaucoup d'attention et de présence à l'autre. Car accompagner et soigner sont des actions douces et harmonieuses.

Parfois le chemin de la guérison place la personne dans des moments d'hésitation. Le scrupule peut faire son apparition et créer une brèche dans l'ensemble psycho corporel. ( Une attaque qui bien que souvent inconsciente peut, avec le temps, devenir déstabilisatrice de l'être tout entier). Car le scrupule s'avère comme un élément nécessaire à comprendre et à résoudre si on ne veut pas être stoppé dans son évolution personnelle.

 

 

L'énergie

 

Pour que les individus « soient », il faut que les éléments de la mémoire fonctionnent en dynamique constante, qu'ils se lient et qu'ils se délient, qu'ils s'alimentent en contact comme des synapses peuvent le faire pour fonctionner.

L'action du contact de la rencontre entre deux éléments entraîne une réaction et la constante qui suppose ce fonctionnement est toujours une constante liée à ce que l'on appelle l'énergie ( un mot qu'il convient de manier avec une grande prudence d'interprétation).

Rappelons-en les définitions :

 

Energie :

-   du grec énergéia : activité

-   force, puissance d'action

-    force d'âme

-    fermeté, résolution que l'on fait paraître dans ses actes

-    cause du travail des forces

 

Le concept de la vie est lié à cet élément. Vie et mort, lumière et nuit y sont associés.

Mais quel est donc cet élément «énergie » qui est à la fois porteur, vecteur, origine et finalité de tout événement existentiel ?

Nous pouvons l'expliquer en prenant l'exemple de l'utérus.

Si nous considérons sa symbolique, il  reçoit pour donner. Il est vase et tabernacle pour être rempli et pour restituer. En donnant il se vide afin d'être à nouveau rempli lors de chaque rencontre amoureuse.

Le vase n'est-il pas fait pour être rempli et rempli n'est-il pas fait pour donner ? Pour être rempli ne faut-il pas tout d'abord se vider ?

Le passage du plein et du vide, le passage du + au – s'appellera l'essence,

élément dynamique représentant le fait de tous les passages comme quand dans la Génèse, l'esprit de Dieu planait sur les eaux avant la rencontre amoureuse et fécondante :

                                

La forme de l'amour dans le soufisme n'est rien d'autre qu'un vase ouvert : la lettre « a » et le mot « amour ».

                                          

Le lâcher prise

 

La blessure des origines

 

Dès le départ, il est important de se rendre compte que ce qui est appelé le péché  originel est en fait une plaie béante, une blessure profonde dans la relation qui unit le Père à ses enfants, c'est une histoire de confiance trompée. En effet, en prenant conscience du bien et du mal, l'homme (et c'était là le dessin du Malin), s'est mis à douter que Dieu voulait tout son bien. Alors, il se mit à penser que le Père voulait retenir des choses uniquement pour Lui.

Cette faille introduite dans la relation privilégiée qui unissait le Père à ses enfants a causé une douleur insurmontable symbolisée par cette épée brûlante qui désormais semble séparer l'Homme de son créateur et qui semble vouer ses enfants apeurés à errer loin du Paradis…

Il est sûr que cette blessure aurait pu être sans appel mais penser cela, c'est méconnaître la pédagogie d'Amour du tout Puissant, car tout est bénédiction et tout concoure au bien de ceux qui aiment Dieu.

Ce que l'Homme possédait de « droit divin », il va devoir le redécouvrir, le reconquérir et l'intégrer.

La douleur engendrée par cette impossible retour en arrière va de fait pousser l'Homme en avant, le poussant à la fois hors de lui-même et au plus profond de lui-même pour y chercher son Identité de Fils infiniment ressemblant à son Père : « Retrouve ton image, retrouve ton Père et ton Dieu, enlève cette épée de ton cœur, guéris de cette blessure et viens dans mes bras ».

L'homme ressemble ainsi à un roi sans couronne qui désormais parcourt le monde à la recherche de sa royauté perdue, il est un enfant égaré qui hurle dans la nuit espérant retrouver le chemin qui le ramène à son Père.

 

Faire Mémoire pour oublier

 

Faire mémoire, c'est se rappeler cette blessure du cœur, entrer dans la dynamique de la guérison. C'est se réapproprier ses cinq sens, c'est expérimenter ce que je ne suis pas afin d'en déduire ce que je Suis. Chaque pas effectué sur le chemin de la guérison est une pâque, un basculement, un éveil, une conversion et chaque conversion donne accès à de nouvelles possibilité de guérisons. C'est une conception dynamique, un mouvement, un chemin, construit sur la même dynamique que la marche ( un pas est un déséquilibre compensé par un autre pas, un autre déséquilibre et ainsi, de déséquilibre en déséquilibre, je peux trouver mon équilibre).

Evidement, ce cheminement est à la mesure de la blessure.

Mais Dieu, voyant depuis longtemps l'épuisement (apparent) de ses enfants, leur a trouvé un raccourci prodigieux à la mesure de son Amour pour nous. Il propose un lieu où guérir, se convertir, un lieu pour faire mémoire, enfin un lieu où renaître.

Dieu propose à l'homme le sein de la Vierge Marie, merveilleux raccourci céleste pour nous soigner.

De plus, nous tenons de la petite Thérèse, un secret encore plus grand : le trésor de la Mère appartient à l'enfant. Le trésor de la Vierge Marie nous appartient donc y comprise son Immaculée conception, chambre de maternité idéale pour nous soustraire à la blessure originelle.

Nous voici introduits dans un lieu hospitalier où Dieu agit sur nous comme par une sorte d'amnésie de laquelle nous sortirions moins souffrant de la fracture de confiance. Car la confiance restaurée, il ne peut plus y avoir de barrière entre l'homme et le lâcher-prise.

  

Tomber dans les bras du Père

 

Bien souvent, face à la maladie comme face à toute forme de souffrance, notre prière (quand nous arrivons encore à prier) va souvent dans un sens déterminé, celui que nous avons décidé de lui donner :  « Je veux guérir donc Dieu doit me guérir où je ne veux plus souffrir donc Dieu doit enlever cette souffrance ». Si nous empêchons notre Père d'agir, de prendre soin de nous, en cherchant à tout prix à lui dicter sa conduite, nous ne serons jamais ouverts à ce qu'Il veut nous donner. La maladie cache souvent des grâces de conversion, de croissance, que nous refusons parce que nous refusons la volonté d'Amour de Dieu sur nous.

Avec le lâcher-prise, c'est tout le contraire de cette attitude. Il s'agit de refuser de se laisser dominer par la douleur, par la  souffrance. C'est choisir la réponse de l'amour et de la confiance et non celle de la peur.

Quand on sait qu'on ne peut tomber que dans les bras du Père, l'homme ne craint plus de tomber. Voilà pourquoi il est important pour chaque personne, de commencer à expérimenter cela dans sa vie de tous les jours : «  J'ai décidé de suivre la voie de Dieu et de me fier à ses préceptes et sept fois par jour (au moins) je peux tomber en chemin. »- « Merci Père de m'avoir empêché de me faire mal », «  Merci de m'apprendre que certains de mes pas risquent de me faire trébucher. », « Je n'apprends pas vite, mais je sais que tu es un Père bon et patient ».

 

Un moyen de rester stable dans la confiance : la prière du cœur.

 

S'il est facile de tomber, il est également facile de rester stable dans la confiance. Même si l'apprentissage peu paraître un peu technique au début, le naturel s'installera très vite et les résultats seront surprenants.

Commencez par respirer calmement, un peu comme le bruit des vagues sur   l'océan, ample, profond, ensuite associez à votre respiration une parole de tendresse envers le Seigneur (cela peut être tout simplement Jésus, Abba, Mon Dieu je t'aime… ou encore la phrase plus construite de la prière du coeur. Dites : « Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu Vivant, aie pitié de moi pécheur » Pendant cette invocation par exemple, dirigez votre attention sur l'endroit de votre cœur et faites comme si vous respiriez à travers lui pour le restaurer, le pacifier. Retirez vous dans un endroit calme et pratiquez la prière tant qu'elle vous fait plaisir, petit à petit, un pas chaque jour, augmentant ainsi le temps de la rencontre sacrée intime jusque en être habité complètement.

Il se peu, qu'avec le temps, cette louange intérieure commence à échapper à la volonté. L'homme commence alors à prier comme il respire, sa vie va se renforcer et la confiance en Dieu va grandir au jour le jour jusqu'à ce que le lâcher prise devienne une façon naturelle de vivre le quotidien car rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de l'Amour du Dieu vivant.

 

Sous l'éclairage du Divin

 

 

 

A la fin de cette partie, le lecteur trouvera les textes de la correspondance familiale de Madame Zélie Martin maman de sainte Thérèse de Lisieux.

Cette correspondance écrite entre 1863 et 1877 se rapporte au texte dans « Présence de Zélie Martin » et dans les renvois marqués : Z.M

 

Dieu est amour !

Nous sommes créés pour l'amour, nés de l'Amour et envoyés sur terre comme missionnaires de l'amour. Nous sommes chargés d'un semis et d'une récolte car notre gestation terrestre s'habille de l'ambiance humide du sein maternel, d'une mémoire de l'eau vieille de 400 millions d'années et également du feu de la Rencontre.

Si Dieu s'est révélé à Moïse et au Mont Thabor dans la nuée, celle de la rencontre du feu et de l'eau, c'est pour nous enseigner que plus la nuée est grande en nous, plus le brouillard nous envahit, plus Il nous parle en secret.

Et ce secret amoureux considère les alliances, les collisions physiques et psychologiques, les émotions nouvelles ou refoulées, les secrets du « oui » ou du « non ».  Dieu donne gratuitement. Son amour pour nous est sans limite et en bon père de famille, Il reprend et sermonne en son temps. L'offrande parfaite est un cœur pur, un corps meurtri, dans un oui qui résonne dans le désert. Que l'offrande de notre souffrance, de notre douleur, de notre épreuve soit donc gratuite. « Oui, Père, je choisis la vie, je reconnais la vie que tu me donnes, je reconnais en moi ta voix. Je m'offre à toi ».

Dans la souffrance et la maladie je cherche Dieu : «  Comment est-Il, comment peut-Il me comprendre ? Comment Le reconnaîtrais-je ?Pourquoi cela arrive-t-il? Je n'en peux plus. Pourquoi T'en prends-tu à moi, à mes enfants, à ma famille. Pourquoi un cancer aujourd'hui quand mon conjoint, mes enfants, ont  besoin de moi ? Pourquoi ? Que me veux-tu, Père ? ». Comment peux-tu m'apprendre à dire :"Me voici Seigneur, je suis venu faire ta volonté » quand je suis troublé ? (Z.M.33).

Sainte Bernadette nous parle dans un sens pédagogique édifiant. Elle eut, les dernières années de sa vie, tout le corps comme une grande plaie, au point qu'elle ne pouvait garder le lit et restait assise au fauteuil. Elle supportait tout sans se plaindre. Un jour alors qu'on lui faisait une visite :" Que faites-vous là petite paresseuse ?". Elle répondit :" Je fais mon emploi." "Et lequel ?" "C'est d'être malade. Il faut que je sois victime pour la rédemption du monde." (Z.M.35).

Le métier de malade est exigeant et il demande beaucoup de vertus. En comprenant que la pédagogie de l'offrande est toujours élévation pour l'âme nous pouvons nous rapprocher de la conviction amoureuse de la Bienheureuse Élisabeth de la Trinité quand elle s'exclame : "Le ciel est en moi".

 

Le corps groupe

Comme l'étincelle enflamme les herbes sèches, comme la goutte d'eau remplit l'océan, tout ce que nous sommes en pensées, en actions, en silences, se répercute dans toute la création comme une vibration sonore remplit l'air environnant, comme une pierre jetée couvre la surface de l'eau d'ondes excentriques. Nous sommes source et émission de toute chose, appelés à nous tourner vers ce qui nous touche pour en faire un temps, un espace de diffusion. Quand un temps est défini temps de croissance et d'espace de développement expliqué par l'ouverture au monde, nous appelons ce moment normal. Par contre, à l'opposé, quand un autre temps est indéfini, fermé, concentrique et expliqué par le repli sur soi, est appelé (α)normal.

Quand la petite goutte d'eau arrive à la surface de l'eau, elle peut grâce à l'onde créée, parvenir d'une façon dynamique jusqu'à la berge et parcourir ainsi une grande distance. A l'image de la charité, elle peut diffuser, être un élément parcourant de la source ( c'est-à-dire nous), jusqu'à l'infini du monde car, comme le dit saint Paul : "La charité est la loi dans sa plénitude" (Rom.12, 9-13).

La goutte de sang versée par Notre Seigneur Jésus Christ dans sa passion n'a-t-elle pas touché et imprégné le sol du monde et les hommes en leur temps n'en n'ont-ils pas bénéficié comme aujourd'hui nous en bénéficions dans l'ordre de la transmission de l'Amour ?

Pour qu'une œuvre picturale bénéficie d'une architecture, il faut que chaque teinte, chaque pastel, chaque contraste de couleur ait sa place et son sens, car si un seul dégradé, un seul contraste s'en trouve modifié, c'est tout le sens, toute la perspective de l'œuvre qui s'en trouve modifiée.

C'est comme dans la musique où chaque note, chaque harmonique, chaque clé, constitue un ensemble (rhapsodique, symphonique ou autre). Il suffit qu'une seule note devienne dysharmonique pour que toute l'œuvre s'avère cacophonique.

Toute notre architecture relève ainsi de la création harmonique en Dieu : "Nous ne formons qu'un seul corps dans le Christ étant chacun pour sa part, membres les uns des autres" (Rom.12, 4-6). (Z.M.3)

Cette constitution au corps magistral nous rend enfant et frère et nous avons conscience de nos liens de parenté et d'amitié avec Dieu car plus nous sommes liés les uns aux autres par l'amour et l'amitié, plus nous le sommes aussi par ce que nous nous communiquons en Dieu. Nous sommes donc constitutifs d'un ensemble unique dans notre nom et notre amour et à la fois essentiels et complémentaires dans un ensemble familial.

Par exemple, à Lourdes comme dans tous les lieux de pèlerinage, qua          nd les corps individuels présentent leur maladie physique et/ou psychologique dans la prière, ils constituent un grand corps souffrant. Et dans cette image du monde et de l'espérance, Frère André du Mont Royal nous dit:"L'oratoire de Montréal était témoin de beaucoup plus de conversions des cœurs que de celles des corps".(Z.M.5 -6-7 )

Nous sommes tous réceptacle du monde environnant tant sur le plan physique que sur le plan des émotions et le froid, le chaud, la lumière, l'obscurité, le mouvement, l'inertie, la vie comme la mort, sont des éléments constitutifs en nous et autour de nous qui nous maintiennent en lutte constante de type dominant-dominé.

De nos positions d'introversion c'est-à-dire de repli sur soi, nous sommes appelés à l'extraversion, à l'ouverture au monde,  car notre organisation de salut est telle qu'il nous faut nous ouvrir pour recevoir le soleil, la rosée, la vibration d'amour. En bon réceptacle, nous pouvons ainsi garder pour faire fructifier et donner pour remercier et la qualité de ces échanges fera que nous serons en équilibre.

En effet, en gardant à l'esprit l'unité psycho corporelle si nécessaire à chacun, observons combien le cerveau est organisé en complexité, combien les cellules sont organisées en spécialisation, combien les organes sont fonctionnalisés !

Puisque tous les circuits électriques cérébraux existants peuvent être ouverts ou fermés, on observe combien  les voies de conduction afférentes, efférentes, leurs connexions, les relais, les triages, fonctionnent comme des centres de très haute technologie. En une seconde, des milliers de données peuvent ainsi être comparées, vérifiées, sériées, avec une réponse ciblée.

Et dire que le cerveau est à peine connu et que l'ordinateur le plus performant ne lui est pas comparable !

Si nous pouvons comprendre le langage informatique qui ne fonctionne que sur la reconnaissance de "O" et de "1". Alors nous pouvons comprendre à un degré bien plus élevé de perfection et de spécialisation, le processus spirituel qui est déposé en nous. Un processus qui est à la fois générateur et décodeur, à la fois source et accueil, à la fois émission et réception, un processus complexe lié à notre incarnation car il est relié à notre histoire cellulaire, notre mémoire génétique, notre héritage généalogique.

Comme notre histoire est inscrite dans nos gènes, l'amour déposé en nous ressemble fort à un germe, une graine qu'il convient de faire fructifier. Comme les fonctions organiques nous sont données avec un code génétique, un organe particulier peut porter une souffrance familiale, être prédéficitaire, être prédisposé à un disfonctionnement somatique ou psychosomatique. Ce "marqueur " ressemble à un phare qui marque la balise entre le relief et la mer, et ce phare est vital car quand il n'est pas reconnu, il peut survenir percussion, rencontre violente..

Dans cette histoire psycho organique, nous nous posons la question, quelle est donc cette source électrique qui alimente le tout, le cerveau, la mémoire corporelle ? Où habite le marqueur, le support de vecteur de vie, l'élément liant, le code pour toute reconnaissance ? Où commence le fil d'or par lequel se transmet l'essence ?

Car si nous sommes programmés pour l'amour, nous pouvons comprendre à la fois la constance de Dieu dans cet amour et l'organisation de chaque chose dans l'univers comme dans la fonction informatique avec ses cluster et ses systèmes: "Un membre souffre-t-il ? Tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l'honneur ? Tous les membres prennent part à sa joie. » (1Cor.12-26)

L'amour de Dieu est immuable et éternel, constant comme la présence de Jésus en nos vies, le même hier, aujourd'hui et demain.

Dans cette constante, nous sommes définis comme si nous étions prêtés de Dieu à l'incarnation pour que nous nous ramenions nous-mêmes vers la Patrie. Mais comme toute erreur, tout péché peut modifier un encodage. On peut imaginer notre entité saturée comme un ordinateur dont le disque plein demande"to delete" pour réorganiser ses programmes. Notre cerveau peut donc déclancher des modifications de fonctions : logique, organique, mécanique.

Ainsi, pour notre sécurité, pour notre bon fonctionnement, pour la protection de notre disque dur existentiel, avons-nous besoin d'un relais homogène entre l'organique cérébral, le fonctionnel et le spirituel.

Ce relais que nous appelons "marqueur" est un élément de l'amour alimenté par l'esprit : l'étincelle divine. Car comme le Seigneur donne et reprend, ce" marqueur" en nous s'allume ou s'éteint quand un organe, un psychisme souffre. Le « marqueur » présence de Dieu est la seule voie, la reconnaissance, la recodification de notre « oui » dans l'amour et donc le seul ressourcement possible.

A l'opposé, il n'est pas reconnu dans un organique ou un psychisme déstabilisé. Il se passe comme le dit saint François d'Assise que: "L'amour n'est pas aimé". Nous disons que l'amour n'est pas reconnu parce qu'il se crée comme une inflation en l'homme, parce que l'organique se déstabilise, le psychisme part en expansion grossit comme un nuage toxique. C'est alors la lutte entre l'organique et le" marqueur", la lutte entre le psychique et le "marqueur", un combat entre le bien et le mal, un combat à la vie, à la mort.

Le "marqueur "de l'étincelle divine est un code d'harmonique qui va faire que par l'amour, Dieu et fils de Dieu vont se reconnaître. Ne dit-on pas que les enfants de Dieu dans l'harmonieux souffle d'Élie, dans un regard, se reconnaissent ?

Nous posons donc les conditions de reconnaissance de l'amour car pour que l'amour nous reconnaisse il faut que nous reconnaissions l'amour.

Notre guérison et notre salut dépendent donc de notre ouverture à recevoir dans le système du plan de Dieu. Car n'oublions jamais que Dieu a un plan sur nous ! (Z.M.27). Notre  Père peut organiser nos temps de guérisons dans son temps à Lui. 

Notre unité psycho corporelle, nos temps de vie, de guérison ou de mort ne nous appartiennent pas. Seule la puissance de l'amour de Dieu agit en nous et elle est telle qu'elle peut à elle seule, nous faire mourir d'amour.

 

Existe-t-il un risque à ne plus reconnaître le marqueur divin ?

Quand l'homme aspire à la création, c'est dans le silence que Dieu se fait entendre.

C'est par le "marqueur" identitaire donné à la naissance que Dieu nous permet de croître.

Ainsi, quand nous respirons, nous réalisons une communion avec l'univers environnant. Nous créons un mouvement d'échange, un flux et un reflux comme un rythme, comme les battements d'un cœur. Ce mouvement d'échange du cœur et du respir est force et il permet à notre être d'aller et de venir. Mais quand le cœur se fait petit, quand la respiration se trouve restreinte il ne reste que peu de forces qui serviront notre élan vers le monde. Ici la maladie est proche car le rythme de nos échanges se trouve perturbé, notre élan et notre "marqueur" d'identité ne sont plus ressentis comme essentiels. (La flamme de notre bougie intérieure éclaire moins, nous sommes moins lumineux.)

Le point d'homéostasie qu'est l'équilibre des mouvements du cœur et du respir,  est la condition fondamentale pour que fonctionne notre échange psycho corporel idéal. Ce point constitue la rencontre temps idéale entre Dieu et nous et la non reconnaissance des venues de Dieu à notre porte pourra toujours entraîner un début de perte de notre identité.

Le moindre délai, la moindre hésitation à ouvrir la porte à Dieu déclanche des modifications de nos rythmes de vie tant physiques que psychiques. Nos champs d'échanges se retrouvent envahis par le doute, l'anxiété ou l'angoisse, notre créativité peut faiblir et notre  identité filiale pâlir.

Ainsi le fait de se sentir moins bien dans une relation modifie nos échanges en qualité et en rythme. L'harmonie psycho corporelle n'est plus totale. On dit qu'elle se fragmente. Comme un moteur froid "cogne", certaines zones de notre corps vont se refroidir, s'obscurcir, quelque chose va commence à sonner faux. Nous ne serons plus dans un mouvement d'élan spontané pour lever les mains et louer Dieu. Nous commencerons à baisser la tête et à nous enraidir.

En résumé

Quand nous sommes en bonne santé, le corps fonctionne, l'esprit agit, la mémoire génétique est équilibrée : nous sommes harmonieux et disponibles pour faire mémoire de l' Esprit-Saint.

Quand nous sommes malades, quelque chose se brise, il y a comme un passage à un autre niveau, c'est comme une modification de voltage ( chute ou hausse  de tension ). Le corps cahote, l'esprit est absent, la mémoire génétique vibre douloureusement jusqu'au disfonctionnement psycho corporel.

 

Concepts de communication

L'homme vit dans une complexité de systèmes.

Nous référant à la théorie de la communication nous voyons que pour qu'un système soit en équilibre, il faut que chaque constituant du système soit en équilibre l'un par rapport à l'autre. Cela revient à dire que quand le moindre constituant d'un système se retrouve modifié, la moindre dominance, la moindre faiblesse peut entraîner un déséquilibre général du système. Or, nous dépendons pour la constitution d'un système en équilibre, de données significatives comme la lumière, l'énergie vitale, la volonté, qui, quand elles sont transposées sur le plan spirituel, deviennent grâce, foi, espérance.(Z.M.8).

Notre appartenance à un univers, à un monde, à une terre, à un couple, à une famille, à une communauté, implique donc la reconnaissance de niveaux de communication particuliers.

Dans l'exemple suivant, A et B constituent le système couple par excellence, appelé aussi système duel. Un face à face avec l'autre dans lequel nous pouvons nous définir, nous ressourcer, nous construire mais aussi un face à face dans lequel nous pouvons nous perdre, nous soustraire, nous éteindre.

Imaginons : Un émetteur A envoie un message à un récepteur B.

L'émetteur A source d'amour, de haine, de vie, de mort, de chaleur, de froid, de mouvement, d'arrêt, peut générer chez B un complexe d'attitudes, de réponses. Parfois A et B sont en équilibre (harmonie, chaleur, grâce, discernement, échange vital sont préservés).

Parfois A et B sont en déséquilibre (dysharmonie, froid, désert, nuit, inhibition, mort, sont possibles).

Soit B peut accepter A mais refuser le contenu de la communication.

Soit B peut accepter A et le contenu de la communication.

Soit B peut refuser A mais accepter le contenu de la communication.

Soit B peut manifester un symptôme.

Soit B peut tout refuser.

Mais ce face à face A↔ B peut nous introduire dans une autre et merveilleuse dimension, celle du face à face avec le Seul dans la circulation trinitaire où "Mon âme se repose en Dieu seul". (Z.M.9). Cette dimension se développe dans le Shalom, c'est-à-dire dans la paix. Cette paix avec Dieu, avec les hommes, avec nos familles, avec notre conjoint qui correspond à ce moment exceptionnel d'homéostasie où le corps d'une personne au sein d'un groupe s'identifie à un moment donné au corps groupe, c'est-à-dire aux différents corps présents.

 

Que se passe-t-il quand la dynamique d'amour s'arrête ?

Donnons l'exemple de  la circulation idéale, celle de la paix :    

Si le cercle, l'anneau, l'alliance, la table, symbolisent la circulation d'amour idéale, on peut comparer le chapelet à un lieu idéal pour la dynamique relationnelle positive.

Imaginons 5 personnes et le coefficient de valeurs relationnelles compté depuis A :

    1     1    1     1

A – B – C – D – E

Ø     Premier exemple :

Cinq personnes communiquent en relation linéaire.  Soit : A-B-C-D-E

La distance de     A avec B =  donne une valeur relationnelle de 1
                            A avec C = 2
                            A avec D = 3
                            A avec E = 4

Le total des valeurs relationnelles de A-E donne une valeur de coefficient général de 10.

Ø     Second exemple : 

  Cinq personnes communiquent en cercle. Soit :

                    A
               B       C
                  D  E

Le total des valeurs relationnelles depuis A nous donne un coefficient de 6.

Nous lisons ainsi que la position d'un corps en cercle ou en rond donne un total de liens dynamiques plus importants ce qui nous permet de parler d'une circulation plus forte d'un corps à l'autre ( en amour, en chaleur, en vie,....). Mais quand pour une raison ou une autre, un des membres du cercle ne répond plus, s'inhibe, se met en retrait, un lien peut se rompre, le cercle peut s'ouvrir avec le risque d'une interruption de la circulation. Cette rupture du cercle peut entraîner un malaise physique, psychique chez un des membres car être coupé du monde, de l'autre, se couper du monde entraîne toute personne concernée vers une dynamique émotionnelle forte exigeant une ou des modifications de modes relationnels..

Parfois toute une chaîne de générations peut en pâtir, toute une chaîne d'amour peut avoir « mal au cœur ». (Jésus nous laisse regarder la blessure de son cœur et cette blessure reste béante pour notre contemplation ).(Z.M.10). Comprenons donc qu'une circulation homogène peut rapidement s'inverser et éclater (circulation trinitaire perdue, crise de couple, envahissement des émotions,...) et que ce fait peut entraîner des ruptures de liens de corps, d'argent, de sang, de nourriture.

L'ouverture d'un cercle, sa section, sa cassure, sa déchirure, deviennent ainsi autant d'images clés qui nous font comprendre l'arrêt possible d'une circulation d'amour dans un système couple, famille, corporel.

Le chancre du cancer qui ronge pour briser les liens est toujours à l'affût comme l'animal blessé. Le cancer sommeille toujours au sein de nos ruptures qu'elles soient de couples, de corps, dans nos divorces.(Z.M.11). Dans l'histoire amoureuse entre Dieu et l'homme, ce dernier, conçu comme un vase, comme une matrice, est donc conçu comme réceptacle pour l'autre, pour la famille et d'une façon plus complète pour toute une généalogie. (Z.M.12). Si nous acceptions que la maladie soit comprise comme un chapelet de prières où chaque grain porte son origine, sa finalité, sa source, sa demande, chaque  être pourra prier pour que le chapelet se reconstitue toujours en cercle grâce à nos lèvres, à nos mains, à nos cœurs.

 

Dynamique amoureuse et rupture

Partant de la notion de réceptacle, nous pouvons imaginer la construction amoureuse de la façon suivante :

§        Une partie inversée depuis le haut illustrant l'origine et l'action du faisceau divin  actif

§        Une partie inversée depuis le bas, le réceptacle : mains, cœur, âme,corps pour recevoir  passif

Quand elles se rejoignent, les deux parties se complètent et forment alors un cercle idéal fermé      dynamique circulaire actif  ↔ passif

En prenant l'exemple du chapelet, on comprend que toute fissure dans l'union ne peut être colmatée que par un ciment spirituel.(Z.M.13). Ici, c'est l'Esprit qui agit dans l'organisation de l'unité comme il est espéré que toute lignée généalogique puisse la constituer. On voit donc à quel point l'héritage dû à notre incarnation, à tous les accidents, aux blessures du passé peut très vite interrompre une circulation fermée.

Voilà pourquoi pour éviter toute brisure ou pour la comprendre, il faut que le souffle de l'Esprit passe pour apaiser et colmater toute brèche. Il convient de Lui ouvrir l'être tout entier. (Z.M.14).

Dans le cas du divorce par exemple, toute une chaîne de générations est interpellée tant dans sa mémoire physique que psychologique. Le cancer relationnel s'installe. Car le divorce stigmatise la blessure de la rupture de l'alliance par laquelle nous risquons de plus reconnaître Mambré, ni la table Eucharistique. Dans le bateau ivre et sans phare pour nous guider, l'Esprit aura beau appeler, nous ne le reconnaîtrons pas. Saint Augustin nous prévient d'ailleurs avec sagesse : "Ce qui est de la plus haute importance, ce n'est pas la nature des tourments, c'est la qualité de leur accueil."

C'est pourquoi l'assise de notre construction a tant d'importance pour chaque constituant de tout système. Elle doit être fiable, dressée sur un roc.

Prenons l'exemple d'une pyramide :

§        Première possibilité :

Si nos émotions sont bien comprises et que nous gardons un intellect centré sur l'essentiel, nous serons en équilibre. La pyramide est stable :

§        Deuxième possibilité :

Si nous sommes troublés, nous vacillons. La pyramide s'inverse :

On comprend par cette illustration, que l'individu peut passer d'un étage à l'autre, d'un lieu protégé à un territoire exposé dans le cas d'une fragilisation de son assis. Donc, devant toute émotion mal contrôlée, tout trouble existentiel, on accepte le fait que le cercle idéal lié à la stabilité de l'assise soit susceptible d'éclater, de se rompre. 

Au lieu de s'affirmer dans une dynamique en expansion, tournée vers l'autre afin de faire grandir l'homme,

la communication pourra à tout moment s'interrompre et faire en sorte que

l'individu se replie dans une dynamique d'étouffement     

Car plus le cercle se referme, plus la personne s'isole, plus des épaisseurs risquent de se constituer comme des croûtes superposables afin d'envelopper l'entité psycho corporelle et la transformer en un terrain isolant à toute grâce.

Pour s'en sortir, l'homme doit faire en sorte que la carapace caractérielle soit présentée à l'action sanctifiante de l'Esprit comme la rosée vient fructifier le désert et la nuit. L'homme doit dire « oui » à l'action de la grâce. N'oublions jamais qu'il nous faut demeurer des travailleurs de l'espoir :"Il faut que la terre soit déchirée pour être ensemencée." (Marthe Robin ).

Après le gel, l'agriculteur ne travaille-t-il pas la terre, ne fait-il pas craquer les mottes ?

 Que l'homme ameublisse les sillons, qu'il prépare les semis pour faire éclater la terre en croûte, qu'il veille à toujours garder sa terre humide et fraîche : "Heureux les doux, ils obtiendront la terre en partage" (Mt 5.3).(Z.M.21).

Travaillons donc notre terre profonde pour l'enrichir. Car comme la croissance se fait au sein du sillon, il faut que l'eau, le feu et la lumière parviennent au sein de la texture.Voilà l'importance vitale d'une architecture bien implantée pour notre être. Le cancer n'est-il pas une maladie d'ancrage !

 

Présence de Dieu dans la douleur et dans la souffrance

Nous sommes ici au cœur du mystère de l'Amour. Le Verbe de Dieu est en nous car l'Amour et l'Esprit sont réunis pour nous donner lumière, chaleur et essence.

Saint Louis-Marie Grignon de Montfort l'écrit:" Le Saint-Esprit forma du plus pur sang du cœur de Marie un petit corps, il l'organisa parfaitement, Dieu créa l'âme la plus parfaite qu'Il eût jamais à créer. La Sagesse Éternelle ou Fils de Dieu s'unit en Vérité de personne à ce corps et à cette âme. »

Le langage de la douleur comme celui de la souffrance est un langage difficile à manier. Il est même un langage à risques, dans le sens où il peut blesser quand il est mal perçu car il ne faut pas que la personne se retrouve dans un vécu coupable ou fautif.

Tout laïc, tout croyant, tout consacré, a son propre chemin de souffrance et de douleur à accomplir et celui-ci est inscrit dans son histoire :" C'est Toi qui as créé mes reins, qui m'as tissé dès le ventre de ma mère." (Ps 138)

Toute notre existence est faite d'oscillations entre vies et morts, joies et peines, et ces oscillations sont rythmées selon nos désirs, nos pulsions et l'image que nous nous faisons de la mort et de la souffrance. Saint Louis-Marie Grignon de Montfort dans100.5, écrit ce beau texte sur les épreuves : "La Sagesse Éternelle inspire aux âmes de ceux qui la possèdent, de grandes entreprises, mais pour éprouver les âmes et les rendre plus dignes d'elle, Elle leur procure de grands combats et leur réserve des contradictions. Elle permet tantôt au démon de les tenter, tantôt au nom des calomnies de les mépriser. Ici Elle les éprouve, leur procure une perte de biens, là une maladie, ici une injure, là une tristesse. Enfin Elle les éprouve en toute manière dans le creuset de la tribulation comme de la fournaise. Aussi la croix est le partage et la récompense de ceux qui désirent ou possèdent la Sagesse Éternelle. Mais cette aimable souveraine qui fait tout avec nombre, poids et mesure, ne donne des croix à ses amis qu'à proportion de leurs forces, et Elle répand tellement dans ces croix l'action de ses douceurs, qu'ils en font leurs délices".

La compréhension des petites morts dans l'enfance et dans l'adolescence, peuvent servir d'éclairages progressifs pour notre éveil. En supportant des frustrations et des maux, il est en effet possible de cheminer vers une forme de guérison sous l'action de la grâce même si chaque instant de notre vie nous sollicite pour nous construire ou nous détruire. Le tout est de savoir quelle vie, quelle mort nous sommes prêts d'accepter ou de refuser ?

Les grecs écrivaient : « Supporte et abstiens-toi ». Une certaine forme d'éducation nous l'enseigne aussi et la notion de patience nous trouble parfois dans le sens conjoint de supporter et de souffrir. Comment comprendre tout cela ? Comment accéder au plan de la guérison par l'amour au-delà de la maladie, de la séparation, du deuil, de l'absence, si ce n'est par le seul chemin qui nous ramène au Père :"Si c'est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable." ( Rom. 6.5 ) (Z.M.16).

Marthe Robin écrivait :"Si l'on connaissait tous les mystères de la chambre du malade !"

Car l'homme sait très bien que toute maladie, toute blessure, est mort quelque part. Elle est mort d'un instant, mort d'une relation, mort d'un lien, mort d'un bien. Appréhender, attendre cette mort ne doit pas nous aigrir, elle doit toujours nous donner accès à un autre éclairage. Savoir que toute ancienne blessure, toute brèche oubliée, peut se représenter et se rouvrir à tout moment, ne doit pas nous cristalliser ni nous rigidifier. Appréhender ne doit pas être une dynamique de mort. Van donnait son conseil : « Il est plus facile de souffrir que de penser que l'on aura à souffrir " (Z.M.17). 

Dans les solitudes et dans les replis redécouvrons donc les silences de l'âme, écoutons les appels à l'amour, ceux du pardon à nos frères. Pensons également aux âmes défuntes qui peuvent nous installer dans un lien de fraternité et de communion avec les Saints du Ciel.(Z.M. 18 et 19).

Ecoutons Marthe Robin : "La souffrance va tellement vite, tellement loin, que l'âme en a le vertige. Cette souffrance et cette joie ne se mesurent pas. On va, on va, sans savoir où le plan de Dieu emporte: on sait que c'est Lui, dans sa divine volonté, dans son amour."

Oui, tout est question de gestation ! Dieu nous donne quelque chose à gérer:"Choisis entre la vie et la mort ". Comme chaque grain de sable et chaque goutte de rosée participent au même printemps du désert, soyons patients du fait que quelque chose de très beau nous est confié dans le repos et la santé comme dans la guerre et dans la maladie.

Dans la vie et dans la grâce et ce d'une façon mystérieuse dans chaque Eucharistie. Jésus ne se donne-t-il pas à chacun de nous comme source de vie et de guérison ?

Sommes-nous convaincus qu'à chaque  messe nous revivons l'union intime entre notre créateur et notre mémoire sacrée ? Sommes-nous conscients qu'à l'Eucharistie nous participons à un corps universel qui entre dans le plan de salut de Dieu ? Savons-nous que chacun de nous y va de son système harmonieux ou dysharmonique comme dans une chambre d'écho, que notre fonctionnement raisonne dans le corps groupe ? Charité et gestation se retrouvent-elles en nous ?

Il y va de notre responsabilité individuelle à reconnaître Notre Père et d'accepter qu'Il nous laisse descendre (nuit, désert, souffrance, abîme) jusqu'à une limite fixée par Lui.

Soyons patients avec la souffrance comme avec la douleur. Attendons dans la sérénité et la confiance car le doute ne peut qu'envahir l'espace entre Dieu et l'homme et freiner toute évolution personnelle.

Si nous acceptons qu'à chaque maladie, à chaque arrêt, il se glisse comme une mort en nous, alors nous pouvons accepter que chaque fois il s'associe l'espérance d'une Résurrection, voir d'une Rédemption. (Z.M.29). Sur un lit de souffrance et de douleur, soyons convaincus qu'il est donné à l'homme de célébrer une certaine forme de corédemption ! (Z.M.3O).

Sommes-nous prêts par exemple à tout offrir au Père pour que par notre maladie, notre souffrance, Il vienne guérir le cancer de nos systèmes, de nos familles ? (Z.M.31). Sommes-nous prêts à comprendre qu'un calvaire est ici, aujourd'hui, pour élever l'expiation du monde dans le corps groupe ( guérison, conversion, paix ) ?

Jésus étant à l'agonie jusque la fin des temps, sommes-nous prêts à nous associer à sa fonction salvatrice pour augmenter la circulation d'amour dans le monde ?

Bien sûr, il n'est pas question ici de provoquer l'émoi par du dolorisme, du martyre gratuit. Nous voulons simplement faire comprendre à l'homme que quand quelque chose le perturbe, il doit éviter la fuite dans des passions, des paradis artificiels, le divorce, l'adultère, la maladie psychosomatique, les maladies chronifiantes par manque de lutte : "Pour toi, sois prudent en tout, supporte l'épreuve, fais oeuvre de prédicateur de l'Évangile, acquitte-toi à la perfection de ton ministère " ( 2 Tim. 4-5).

En tant que fils et élément oint d'un marqueur spécifique, acceptons le fait que Dieu se reçoit ! L'Esprit-Saint n'est pas en effet un courant d'air mais bien une personne. Il s'accueille: "Voici que je frappe ".

 Les blessures réunies des cœurs de Jésus et de Marie forment une seule plaie béante, jaillissante et guérissante où tout est échange. Marie Immaculée Conception reçoit le Corps du Christ à l'incarnation comme à la croix. Elle donne par son souffle, vie à Jésus en son sein comme elle donne naissance à l'Église à la croix dans le souffle de Jésus. (Z.M.37). Marie nous l'explique avec beaucoup de prudence, beaucoup de délicatesse, presque en secret.

Le dernier souffle de Jésus pour le monde est donné à sa mère : Il est Vie. Et par le secret de cet échange amoureux, naît l'Église. Sainte Thérèse de l'Enfant- Jésus nous le confirme :"Dans le cœur de l'Église ma Mère, je serai l'amour". Pourquoi pas nous ? Mystère d'amour et de vie où l'expiration du Christ est vie restituée dans le référent universel qui est le monde lui-même inclus dans le Référent divin.

Grâce à la Vierge Marie nous pouvons recevoir dans un enseignement doux et maternel le mystère de la mort d'amour et de l'offrande comme celui du secret gardé :"Et Marie gardait toutes ces choses en son cœur". Tout devient alors révélation (assomption glorieuse) et couronnement. (Z.M.38).

v    Le sein de Marie est charité (Visitation).

v    Le sein de Marie est foi ( le « oui » sacerdotal).

v    Le sein de Marie est espérance (dans le Magnificat : "Exulte mon esprit en Dieu mon sauveur").

Le tout à Jésus par Marie est donc notre chemin de sainteté où l'homme peut guérir de toute maladie en charité, en foi et en espérance.

Il est important de ne pas nous arrêter sur le questionnement qui consiste à chercher la qualité d'une sainteté individuelle. Celle-ci en effet, n'est pas modèle identique pour tous car chacun de nous est absolument unique pour Dieu. Il y a donc autant de cheminement vers la sainteté qu'il y a de personnes. Comme la sainteté s'obtient de Dieu, c'est à nous de déposer toute confiance de maladies en Lui disant :"Voilà ce que Tu attends de moi, Père,voilà ce que en bon fils, je peux donner à mon Dieu".

 

L'amour qui guérit

Nous avons vu que la circulation en spirale excentrique habite toutes les organisations de nos systèmes de nos vies

Nous avons vu que la fonction somatique est bonne quand il y a équilibration des mémoires physique et psychique et que la fonction spirituelle est bonne quand du feu et de l'eau émerge la nuée de laquelle se révèle le système de l'amour.

Ainsi, la circulation guérissante de l'amour se nourrit dans la prière d'offrande et la prière d'intercession. Voici résumée la fonction systémique idéale !

Car la famille des Saints constitue un système en équilibre dans un système corps unique en équilibre. (Z.M.40). La source est amour, la fonction est l'amour, le réceptacle est l'amour et les fruits en sont l'amour.

A l'image de nos familles de la terre, les Saints du Ciel constituent des chaînes de générations. Père et mère, frère et sœur de la terre, sont familles d'amour pour le ciel. Car si Père et Mère du ciel, Saints et Saintes de Dieu sont notre famille du Ciel pour notre temps terrestre. (Z.M.41 et 42).

La Bienheureuse Sœur Élisabeth de la Trinité écrivait : 
"Dans cette purification, l'essentiel est de ne jamais perdre confiance et de toujours croire à l'amour.... Crois toujours à l'amour, si tu as à souffrir, c'est que tu es plus aimée encore; aime et chante toujours merci. Il y a des échanges d'amour qui ne se font que sur la croix"...Si Notre Seigneur m'offrait le choix entre la mort dans une extase ou dans l'abandon du Calvaire, je la préférerais sous cette dernière forme, non pour le mérite, mais pour Le glorifier et Lui ressembler" (Souvenirs p.254).

 

Comment prier

Le milieu divin est un bain de jouvence qui nous donne énergie et espérance, un bain qui nous purifie grâce à l'essence du baptême, il constitue un ensemble fait pour l'oraison où Dieu vient à notre rencontre. (Z.M.43).

Dans cette émotion de la rencontre on dit que l'amour reconnaît l'Amour. Toutefois, en se donnant, (Z.M.44) l'amour humain peut atténuer ou confirmer une souffrance  ( par exemple un don d'amour peut alléger un temps de purgatoire pour une âme ; par exemple la respiration d'un malade peut signifier « prière » quand il nous dit :"Je souffre pour toi !"; l'offrande gratuite peut être humilité quand on nous dit : "Je ne tousse pas pour ne pas déranger !" ) (Z.M.44, 45 et 46).

Ainsi, que le corps malade ne trouble en rien l'offrande !

Nous livrons ici un temps de réflexion du Frère André de Mont Royal au Canada. Ce dernier considère que le rôle des malades pour le rachat des péchés est très important ( importance de la prière et du sacrifice) :"Si votre guérison est salutaire à votre âme, vous obtiendrez la guérison. Mais il est des malades plus malheureux, ceux qui sont privés de la santé de l'âme. Certains d'entre vous comprennent qu'ils sont choisis par le Christ pour être sauveurs des âmes de leurs frères. Soyez généreux, cœurs souffrants ! Portez votre croix et le monde sera sauvé. Lorsque vous serez seuls dans vos chambres de malades, pensez à votre rôle sublime de collaborateurs du Christ. Élevez vos yeux vers le ciel. Dites à saint Joseph : "Grand Saint, je suis si pauvre, si malade, donnez-moi la grâce de correspondre aux intentions divines. La paix du cœur, la santé rayonnante de l'âme seront votre partage; vous serez heureux ". Les malades chrétiens doivent être les rédempteurs de leurs frères à l'idée que les épreuves sont la conséquence des erreurs, des chutes communes. Malades, soyez d'autres Christ et vous sauverez le monde. Vous aimez saint Joseph, allez à lui avec confiance, pour guérir certes, mais surtout pour être soulagés en lui donnant vos misères pour la conversion des plus malheureux que vous, de ceux qui ne connaissent pas Dieu. L'attitude logique de celui qui n'a pas la foi devant la souffrance c'est le désespoir et le pessimisme. Mais nous croyants, heureux de rétablir, par nos épreuves, l'équilibre rompu par nos péchés, nous acceptons sans murmurer les croix qui nous sont données." (Z.M.47).

Les Pères du désert expliquent également notre ressemblance au Christ en croix dans les épreuves. Ils nous en parlent dans la notion d'économie du salut et le passage de l'image à la ressemblance : "Quant' à l'homme, Dieu l'a façonné de ses propres mains en prenant de la terre la plus fine et la plus pure et en mélangeant avec mesure Sa puissance à la terre. A cet effet, Il imprima sa propre ressemblance à sa créature afin que jusque dans son aspect extérieur, elle soit l'image de Dieu. Pour donner vie à l'homme, Dieu souffla sur son visage un souffle de vie pour le rendre semblable à Lui dans son âme et dans son corps."(Prédication des Apôtres XI - saint Irénée)

 

Prière de Marthe Robin : Offrande de l'épreuve

O Jésus tu étais Dieu et ton amour t'a pressé de te faire homme ! Homme et Dieu tout ensemble.

O Jésus tu as dit :" Personne ne m'ôte la vie, je la donne librement ". Je t'en supplie, donne-nous de souffrir et de mourir comme Toi, non parce que nous sommes obligés ni comme des esclaves mais librement, saintement, amoureusement !

Tu as dit aussi :" On ne peut donner une plus grande preuve d'amour que de mourir pour ceux que l'on aime ". O Jésus, donne-nous de t'imiter dans nos épreuves, nos maladies, à notre mort, qu'elle soit un acte de générosité à ta plus grande gloire, à ton plus grand amour.... et mieux encore qu'elle soit un acte d'abandon et d'amour !

O mon Dieu, que ma vie de souffrances serve à mes parents, à mes amis, à mes bienfaiteurs, à tous les chrétiens, aux pauvres pêcheurs, aux incroyants, aux orgueilleux, aux persécuteurs, à mes chères paroisses, à ma noble patrie, à l'humanité entière, c'est à dire à Dieu. Oh non ! ne mourir ni par faiblesse, ni par chagrin, ni à cause de la maladie, mais comme Jésus et avec Jésus mourir d'amour.

Que ma maladie soit l'amour !


Paroles de la Vierge à Jelena Vasilj (Medjugorje, le samedi 22 juin 1985) :

La plus belle prière que vous puissiez réciter pour un malade, la voici :

"Ô mon Dieu, voici ce malade devant Toi. Il est venu Te demander ce qu'il désire et ce qu'il considère comme le plus important pour lui. L'important, c'est la santé de l'âme ! Seigneur, qu'advienne pour lui Ta volonté en tout. Si Tu veux qu'il guérisse, que la santé lui soit donnée; mais si Ta volonté est autre, qu'il continue à porter sa croix.

Je Te prie aussi pour nous qui intercédons pour lui. Purifie nos cœurs, pour nous rendre dignes de transmettre Ta Sainte Miséricorde. Protège-le et allège sa peine, Que soit faite en lui Ta Sainte Volonté. Qu'à travers lui soit révélé Ton Saint Nom. Aide-le à porter sa croix avec courage".

Ainsi à tout instant, dans toute situation, troubles fonctionnels et organiques sont là pour nous rappeler notre incarnation. (Z.M.15).

 

Présence de Zélie Martin

 

Zélie Martin, mère de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, nous parle de la douleur et de la souffrance dans sa « Correspondance familiale ».

Avec elle, progressons sur un chemin d'espérance.

 

Z.M. 3 : Certains corps sont instruments de compassion. Le sein de Zélie Martin ne peut nourrir et son sein engendre des saints ! Ses enfants morts, du ciel, guérissent les enfants du monde, par la rosée du Père ! Le corps malade de Zélie Martin témoigne de la maladie, de son impuissance à guérir mais de sa capacité à aimer. Dans la confiance, son corps malade obtient tout du Père pour la compassion. Puisque Louis et Zélie Martin désiraient la vie consacrée, qu'ils ont décidé le mariage, ils ont assumé toute l'incarnation souffrante pour eux-mêmes, pour leurs enfants et pour leur famille tout entière. Leur communion de cœurs s'inspire de la communion de Nazareth. Union du corps et de l'âme, avec aspiration à l'union divine. Le lien de l'offrande et de la reconnaissance des enfants de Dieu ne pouvait se concrétiser que dans la sainteté de leurs enfants. Zélie Martin nous montre un chemin de sainteté dans la circulation d'amour des générations d'hier et d'aujourd'hui. Les relais existent, ils sont le ciment spirituel nécessaire à cette sainteté :

"Il faut, mes chères filles, que je me rendre aux vêpres pour prier aux intentions de nos chers parents défunts. Il viendra un jour où vous tous vous y viendrez pour moi, mais il faut que je fasse en sorte de ne pas avoir trop grand besoin de vos prières. Je veux devenir une sainte, ce ne sera pas facile, il y a bien à bûcher et le bois est dur comme pierres." ( lettre du 01 novembre 1873 : c.f.p.181).

Z.M. 5 : Dites-moi si on peut faire un voyage plus malheureux ? Bien sûr qu'il y a de grandes grâces cachées au fond de tout cela, et qui me dédommageront de ces misères. J'ai mis, avec foi, de l'eau miraculeuse sur le front de ma Léonie.  (c.f.p.415)

Z.M. 6 : Votre bonne Aline est-elle guérie ? A peu près je crois, comme Louise, qui est revenue de Lourdes avec toutes les infirmités qu'elle avait emportées et, en plus, une bronchite. Mais au moral, elle n'est plus la même ; son enthousiasme n'a pas de bornes, elle est maintenant pieuse ! ( c.f.p.253)

Z.M. 7 : Cependant je ne suis nullement désespérée, je crois que je guérirai et cette idée-là m'est venue à mon dernier adieu à la grotte, aussi ai-je été très gaie au retour. J'ai chanté aussi bien en revenant qu'en allant. ( c.f.p.409)

Z.M. 8 : (Après la mort de Sœur Marie-Dosithée) : Quelques jours avant sa mort, la chère malade avait dit à sa supérieure : "Ô ma Mère, je ne sais plus qu'aimer, me confier et m'abandonner. Aidez-moi à en remercier le Bon Dieu." (c.f.p.362)

Z.M. 9 : Moi, je me figure que si j'étais dans un château magnifique, entourée de tout ce que l'on désire sur la terre, le vide serait plus grand que si j'étais seule, dans une petite mansarde, oubliant le monde et en étant oubliée. Aussi, je ne fais que rêver cloître et solitude. Je ne sais pas vraiment, avec les idées que j'ai, comment ce n'était pas ma vocation, ou de rester vieille fille, ou de m'enfermer dans un couvent. Je voudrais maintenant vivre très vieille, pour me retirer dans la solitude, quand tous mes enfants seront élevés. ( c.f.p.269)

Z.M. 1O : Mais, que veux-tu, il faut renoncer à tout ; je n'ai jamais eu de plaisir dans ma vie, non jamais ce qui s'appelle le plaisir. Mon enfance, ma jeunesse ont été tristes comme un linceul, car, si ma mère te gâtait, pour moi tu le sais, elle était trop sévère ; elle, pourtant si bonne ne savait pas me prendre, aussi j'ai beaucoup souffert du cœur. ( c.f.p.34)

Z.M. 13 : Je reviens à ma maladie, puisque les détails vous intéressent. Les si violentes douleurs que j'éprouve au cou font croire à mon mari et à Marie que la Sainte Vierge veut me guérir, sans quoi, elle ne permettrait pas tant de maux à la fois, et des maux qui ne proviennent que de mon pèlerinage. ( c.f.p.423)

Z.M. 14 : Pendant que je la portais ( sainte Thérèse), j'ai remarqué une chose qui n'est jamais arrivée pour mes autres enfants : lorsque je chantais, elle chantait avec moi... Je vous le confie à vous, personne ne pourrait y croire. (c.f.p.143)

Z.M. 15 : N'ayant pu partir d'Angers qu'à midi, j'oubliais de vous dire que je suis retournée à la Visitation et, sur les instances de la Supérieure, à Notre Dame de Sous-Terre. J'espérais encore obtenir là ma guérison, mais je n'ai pas été guérie ; ce sera pour une autre fois. Attendons avec patience l'heure de Dieu, qui veut nous éprouver pour un temps. ( c.f.p.414)

Z.M. 16 : Moi, j'essaie de me convertir ; mais je ne puis en venir à bout ; il est bien vrai qu'on meurt comme on a vécu, on ne peut pas remonter le courant quand on le veut. Je vous assure que je m'en aperçois bien, parfois je m'en décourage. On dit pourtant qu'il ne faut qu'un moment pour faire d'un réprouvé un saint, mais je crois que ce n'est qu'un tout petit saint ! Enfin, il faut qu'il y en ait de toutes les sortes. ( c.f.p.338)

Z.M. 17 : Je savais aussi qu'il n'y avait rien à faire qu'une opération et cette pensée me fait frémir, non à cause de la souffrance, mais parce que je suis persuadée qu'à partir de ce moment là, je me coucherai pour ne plus jamais me redresser. ( c.f.p.331)

Z.M. 18 : Cependant, il n'a pas voulu extraire ses mauvaises dents de lait qui, d'ailleurs, ne l'ont jamais fait souffrir et m'en a expliqué la raison. Et bien ! Elle me disait en sortant : "C'est dommage, ce pauvre bon-papa n'aurait plus été au Purgatoire ». ( c.f.p.74)

Z.M. 19 : Un jour, en revenant de la conduire au docteur qui ne m'en avait dit rien de bon, voyant l'impuissance de tous, il me vint l'inspiration de m'adresser à mon petit Joseph, qui était mort depuis cinq semaines. Je prends donc l'enfant et je lui fais faire une prière à son petit frère. Le lendemain matin, l'oreille était parfaitement guérie, l'écoulement s'était arrêté tout d'un coup et la petite n'a plus jamais rien ressenti. J'ai encore obtenu plusieurs autres grâces, mais moins sensibles que celle-là. Vous le voyez, ma chère sœur, c'est un grand bien d'avoir des petits anges au Ciel, mais il n'en est pas moins pénible pour la nature de les perdre, ce sont là les grandes peines de notre vie. ( c.f.p.125)

Z.M. 21 : C'est comme l'été de la saint Martin qui annonce les glaces de l'hiver ; ce sont à mon avis les derniers rayons du soleil. Enfin, ceux qui partent sont plus heureux que ceux qui restent, vous le savez bien et moi aussi. J'ai du chagrin aujourd'hui, surtout à cause de vous. Vous avez bien du combat, mon Dieu ! Quand donc cela finira-t-il ? Quand serons-nous heureux ? ( c.f.p.309)

Z.M. 27 : Nous repassons dans notre mémoire toutes les souffrances et tous les ennuis que ta pauvre femme a dû subir depuis six mois et nous gémissons sur le triste dénouement. Oui, cela est bien dur. Cependant, mon cher ami, ne murmurons pas, le bon Dieu est le Maître, il peut nous laisser, pour notre bien, souffrir tant et plus, mais jamais son secours et sa grâce ne nous feront défaut. (c.f.p.123)

Z.M. 29 : Et juste alors que je pourrais enfin respirer, je vois le signal du départ, comme si on me disait : "Tu en as fait assez, viens te reposer." Mais non, je n'en ai pas fait assez, ces enfants-là ne sont pas élevés. Ah ! sans cela la mort ne me ferait pas peur. ( c.f.p.402)

Z.M. 3O : Il y a aujourd'hui quinze jours, le père de la bonne est venu chez nous. Il y avait trois jours que la petite était souffrante ; il dit à sa fille : "Tu ne la soigneras pas longtemps, c'est une enfant qui se meurt de langueur." (c.f.p.89)

Z.M. 31 : Vous me dites de ne pas perdre confiance, c'est ce que je fais.    (c.f.p.427)

Z.M. 33 : Souvent je pense aux mères qui ont la joie de nourrir elles-mêmes leurs enfants ; et moi il faut que je les voie tous mourir les uns après les autres ! ( c.f.p.146)

Z.M. 35 : Pour le cou, il n'est pas guéri, mais je n'ai pas enduré d'aussi grandes souffrances que celles ressenties le dimanche où je vous ai écrit. Je n'ai presque pas de crises le jour, il n'y a que la nuit, où mes nerfs se raidissent et il faut alors des précautions inouïes pour me changer de positions. Cependant, j'ai appris mon métier, et je commence à savoir m'y prendre pour me soulever, de sorte que je finis par éviter les crises. ( c.f.p.426)

Z.M. 37 : C'est bien triste de mourir en dormant ; pour moi, j'aime mieux être réveillée et voir la mort venir. ( c.f.p.349)

Z.M. 38 : note : Le secret de Marie chez Madame Martin : Zélie Martin blessée, meurtrie, espère jusqu'au bout être guérie, à Lourdes; elle se confie dans les neuvaines Et la Sainte Vierge ne se manifeste pas !  Mais Zélie Martin accepte ce silence. Elle participe comme Marie à ce grand mystère du silence de la compassion. Et tout se mélange dans l'union des cœurs de Jésus et de Marie dans une souffrance totale. Quand Hélène meurt, Zélie Martin porte la mort d'amour en ses bras. Désormais elle sait qu'il lui reste à porter sa propre mort du corps souffrant, réconfortée dans la communion des âmes et les Saints du ciel. Ses petits enfants dans le ciel la veilleront

Z.M. 40 : Si le bon Dieu veut me guérir, je serai très contente, car, dans le fond, je désire vivre ; il m'en coûte de quitter mon mari et mes enfants. Mais d'autre part, je me dis : "Si je ne guéris pas, c'est qu'il leur sera peut-être plus utile que je m'en aille..." ( c.f.p.361)

Z.M. 41 : Madame Guérin avait écrit à Madame Martin en apprenant la mort de sa chère petite fille le 23 février précédent : "Je ne puis m'empêcher de te trouver heureuse de donner au Ciel des élus qui seront ta couronne et ta joie. Et puis, ta foi et ta confiance qui ne vacillent jamais, auront un jour leur rétribution magnifique. Sois sûre que le Seigneur te bénira et que la mesure de tes peines sera celle des consolations qui te sont réservées ; car enfin, si le bon Dieu content de toi, veut bien te donner le grand saint que tu as tant désiré pour sa gloire, ne seras-tu pas bien récompensée ? ( c.f.p.90)

Z.M. 42  note: on ne trouve aucun écho sur la mort de ce premier enfant alors qu'elle brisait cependant bien de surnaturels espoirs. On sait avec quels saints désirs les pieux parents rêvaient de consacrer au Seigneur tous leurs enfants et ce fils ne serait-il pas le missionnaire que leurs âmes généreuses offraient d'avance avec joie ? Les filles aînées de madame Martin avaient entendu leur mère, tenant sur ses genoux ce premier petit Joseph, dire à leur père, avec une maternelle fierté : " Regarde comme ses petites mains sont bien faites ! Que ce sera beau quand il montera à l'autel ou quand il prêchera !" Et l'heureuse maman formait le projet de confectionner plus tard pour son prêtre, une aube en point d'Alençon. ( c.f.p.47)

Z.M. 43 : Te rappelles-tu quand il nous serrait la main, la veille de sa mort ? Comme il avait l'air d'un saint ! Si le bon Dieu m'écoutait, il le mettrait aujourd'hui dans son Paradis ; si c'était moi, je l'y mettrais bien ! Ce bon père, il n'était pas habitué à souffrir ; moi, je ne suis pas effrayée d'aller en Purgatoire, ça me semble tout naturel de souffrir. Si le bon Dieu voulait, je passerais tout de suite le marché de faire le Purgatoire de mon père et le mien, je serais si contente de la savoir heureux ! ( c.f.p.72)

Z.M. 44 : Monsieur et Madame Guérin arrivèrent à Alençon dans la soirée du 27 août. La mourante qui ne pouvait plus parler, jeta sur sa belle-soeur un regard profond où celle-ci discerna la mission maternelle qu'elle lui confiait pour ses enfants. (c.f.p.448)

Z.M. 45 : Je ne souffre pas beaucoup ; c'est un engourdissement dans tout le côté, jusque sous le bras, une douleur sourde à l'endroit de la grosseur, je ne puis plus me coucher de ce côté. Je voudrais bien que cela ne vous tourmente pas trop et que vous vous y résigniez à la volonté de Dieu ; s'il me trouvait bien utile sur la terre, certainement il ne permettrait pas que j'aie cette maladie, car je l'ai tant prié de ne pas m'enlever de ce monde, tant que je serais nécessaire à mes enfants. ( c.f.p.158)

Z.M. 46 : J'arrive du cimetière ; c'est là ma promenade de tous les dimanches. Mon père me suit partout, il me semble le voir souffrir. J'ai offert pour lui toutes les oeuvres "satisfactoires" que je pourrais accomplir pendant ma vie et toutes mes souffrances ; j'ai fait même le vœu héroïque en sa faveur ; pour moi quand je serai en Purgatoire, je ferai mon temps ; Je pense donc que le violent mal de dents dont je souffre depuis plusieurs jours va le soulager. Mon Dieu ! que je suis cependant ennuyée de souffrir ! Je n'ai point de courage pour un centime. Je m'impatiente contre tout le monde, en voilà de belles satisfactions pour mon cher Père ! ( c.f.p.69)

Z.M. 47 : Moi, je suis vite montée dans la chambre, je me suis agenouillée aux pieds de saint Joseph et lui ai demandé en grâce que la petite guérisse tout en me résignant à la volonté du bon Dieu, s'il voulait la prendre avec lui. Je ne pleure pas souvent mais les larmes coulaient tandis que je faisais cette prière. Je ne savais pas si je devais descendre...,enfin, je m'y suis décidée. Et qu'est-ce que je vois ? L'enfant qui tétait de tout son cœur. Elle n'a lâché prise que vers une heure de l'après-midi ; elle a rejeté quelques gorgées et est tombée comme morte sur sa nourrice. ( c.f.p.150)

 

 

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